« Il y a des photos bien chouettes! Des photos sur lesquelles je m’aime bien! Ce qui est toujours notable! Encore merci pour tout, je vois pas avec qui d’autre je pourrais me sentir suffisamment à l’aise pour faire ce type de photos donc MERCI ».
Voilà ce que m’a envoyé Charlotte après avoir vu le résultat de notre séance photo faite en décembre.
La rencontre entre modèle et photographe est toujours compliquée. Elle dépend des volontés de chacun. Certains photographes vont penser que le/la modèle est uniquement là pour les besoins de la photo, certains modèles vont penser que le/la photographe est là pour « faire des jolies images comme je veux ».
Toujours est-il que le shooting est un moment délicat. La personne qui va être photographiée n’est pas forcément habituée. Certes, nous sommes de plus en plus pris en photo, le développement des moyens de prises de vues fait que depuis quelques années, nous n’avons jamais eu autant de photos de nous. Et pourtant, se retrouver face à un photographe professionnel, avec du matériel professionnel, dans une optique (ahah, c’est bon vous l’avez là?) de shooting n’a rien à voir avec une photo au smartphone en vacances à coté du lac de Côme (ou tout endroit de vacances même moins classe que le lac de Côme). Rajoutez les lumières (flash ou continues) et vous avez un/une modèle raide comme un piquet. Ok j’exagère, tout le monde ne réagit pas de la même façon, mais l’expérience n’est jamais évidente. Il arrive également que le/la modèle ne connait qu’à peine le/la photographe. Et cette personne quasi-inconnue demande au/à la modèle « d’être détendu/e » « naturel/le ». Bon courage! (Ça n’arrive pas à chaque fois, chaque séance et chaque projet sont différents, il se peut que la personne derrière l’appareil veuille prendre en photo justement ce stress de la première fois sur un shooting, ou n’importe quelle autre idée derrière un projet développé un minimum.)
On peut rajouter dans la balance le problème d’aimer (ou non) son corps/son visage, de le voir en photo pro etc…
Et du point de vue du/de la photographe vous avez aussi les problèmes liés au projet. En vrac on peut avoir (liste non exhaustive et dépendante du but du projet):
– mettre à l’aise une personne en situation de stress sans la connaître forcément,
– arriver à donner les bonnes indications au/à la modèle pour que le rendu convienne au projet,
– « apprivoiser » un visage/un corps,
– « apprivoiser » un caractère/une personnalité,
– comprendre les volontés du/de la modèle (si c’est lui/elle qui est à l’origine du projet),
– avoir un rendu pro avec 3 bouts de ficelle,
– etc.
Ajoutez tous ces problèmes (coté modèle et coté photographe) et vous vous rendrez peut-être compte de la difficulté pour le duo d’avoir le rendu voulu, adéquat, acceptable, …
Ça fait maintenant longtemps que je connais Charlotte et que je la prends en photo. Notre première séance photo date de 2009 si je ne me trompe pas. Pour un projet que j’ai abandonné depuis (vraiment trop contraignant). Depuis je l’ai photographiée pour ces books, lors de certaines de ses représentations théâtrales, pour les visuels de certaines pièces, mais aussi juste pour le plaisir! Les début ont été compliqué, certains shootings ont été moins bons, parfois je n’étais pas vraiment satisfait du rendu, parfois elle avait du mal à trouver des photos qui lui plaisaient.
Alors quand elle m’a envoyé ce message (celui du début de ce billet, pour ceux qui ne suivent pas) après tout ce temps, j’étais plutôt content de moi, et de nous.
Et après tout ce bla-bla, voici justement quelques photos de cette séance de décembre: